Il est beau en soi. C'est
un désir complexe. Dans la plupart des couples, un jour se pose la
question de la venue d'un enfant. L'enfant en lui-même est une merveille,
une personne à part entière, il nous échappe et nous
ravit. Il comble le couple mais le dérange aussi, lui fait prendre
conscience d'un au-delà de la fusion. Il est un fruit et un don qui dépasse
le duo pour s'ouvrir à l'inconnu de l'autre....
Chez la femme, le
désir d'enfant est le plus souvent un élément
irréductible de sa nature. Freud affirme même que la
femme a dans sa nature sexuelle, un désir essentiel
d'accoucher d'un enfant mâle. Cette tension inconsciente est
cependant réelle et se révélera malheureusement
avec toute sa vigueur lorsque ce désir ne pourra
aboutir.
La paternité
chez l'homme comme la maternité chez la femme sont
également inhérentes à leur nature, à
leur interrogation sur leur postérité (co-créer
pour laisser une trace, un au-delà face à la mort sans
espoir). Le désir d'enfant est biologiquement différent
chez la femme et chez l'homme. Le coeur de l'homme est plus
orienté par un désir de
postérité.
Paternité et
mariage
On note
souvent que des couples se tournent vers le mariage lorsque le
désir d'enfant devient très fort. Si l'on reprend
l'affirmation initiale, la femme est dans ce cadre le plus grand
moteur de la paternité.
A l'inverse,
l'homme est parfois moins moteur et dans ce sens, il peut se sentir
pris en otage par le désir de celle qu'il aime.
L'exercice d'un discernement
libre est essentiel. Le mariage n'est pas l'objet d'un chantage, il est
la décision de deux volontés librement consentantes.
Prendre conscience
des forces en présence, y compris du désir de
maternité, peut permettre de prendre du recul. Alors, ne
prenons pas les décisions à la légère. Ne
nous marions pas pour avoir des enfants, mais distinguons ces deux
désirs qui peuvent être complémentaires mais qui
sont foncièrement différents.
Dans tous les cas,
il paraît nécessaire de réfléchir à
l'avenir et à l'engagement que représente la venue d'un
enfant. Il aura besoin non seulement de ses deux parents, mais de la
solidité du couple de ses parents... (le pire est lorsque
l'enfant est un moyen pour retenir celui qui
s'éloigne...).
Etre parents ou être
couple
Un
autre écueil et non des moindres est l'influence sur le couple
de l'arrivée de l'enfant.
Par
nécessité et par nature, la mère est toute
tournée vers l'enfant. Le père est parfois plus distant
(dans sa chair, du fait d'une motivation psychologique
différente), même s'il est ému, bouleversé
par l'arrivée du fruit de son amour.
Le basculement de
l'épouse vers la mère peut être un lieu de non
retour, si l'un comme l'autre n'est pas attentif aux enjeux qui se
mettent en place :
Maternité
La
mère reproduit souvent avec son enfant les gestes qu'elle a
elle même reçue dans son enfance. L'enfant et elle sont
au départ dans une situation fusionnelle.
Chacun va
découvrir l'autre dans ce rôle nouveau de père,
de mère.
Son identité
parentale se construit à partir de son histoire familiale et
des modèles qu'il y a trouvés: chacun découvre
alors une nouvelle facette de son conjoint et tout ce travail
intérieur pour ces nouveaux parents va modifier leur
équilibre conjugal.
Conjugalité
Le couple souffre nécessairement,
surtout pour le premier enfant de l'arrivée du "tiers". L'enfant
est lieu de soin mais également de distance. Il échappe
au désir fusionnel
du couple parce qu'il est un, unique, irréductible.
La sexualité
pré et post-natale est affectée par l'enfant. La femme
douloureuse est moins réceptive. Il y a là un
écueil important, un lieu qui peut être mal compris
lorsque le couple n'a pas mis en place, sur ces sujets, un dialogue
fécond et respectueux des désirs et des attentes de
chacun.
Mais ce temps
initial n'est qu'un début. La famille sera marquée tout
au long de sa vie par l'alternance entre conjugalité et
parentalité. Il conviendra de trouver des temps pour ces deux
aspects essentiels, car l'enfant ne trouvera son équilibre d'adulte
que lorsqu'il sera témoin d'une véritable
conjugalité.
A l'inverse,
l'enfant, les
enfants, sont des stimulants de la vitalité du couple
parental en
l'obligeant à grandir, à évoluer : si les
enfants sont ferments de conflits conjugaux, il sont également
ferments de réconciliation.
Fécondité et
Stérilité
Seulement 25 % des femmes ont un enfant quand elles
le désirent. 13 % des couples ne peuvent pas avoir d'enfant.
Ces chiffres expriment en eux-mêmes des lieux de souffrance, de
tension et d'incompréhension.
Cette souffrance
est naturellement une source de conflits dans le couple. Il faut oser
en parler, comprendre l'importance des dégâts que cela
entraîne notamment chez celui qui est marqué dans sa
chair par cette souffrance et cette
responsabilité.
Si certaines
solutions s'ouvrent au couple et tracent un chemin d'espérance
(assistance médicale, adoption, prise en compte d'une autre
fécondité...) elles sont nécessairement source
de conflits et nécessitent d'autant plus de dialogue et
d'accompagnement. Des lieux de rencontre se mettent en place sur ce
thème (nous contacter).